Ce qu’il faut retenir de la COP16 sur la biodiversité
Les résultats de la COP16 sur la biodiversité, conclue en Colombie ce 2 novembre, sont un mélange d'avancées et d'échecs.
Bien que la COP16 ait permis quelques avancées significatives, notamment en matière de financement et de reconnaissance des droits des peuples autochtones, elle a également mis en lumière des impasses critiques qui nécessiteront des efforts continus dans les années à venir.
Plusieurs décisions ont été adoptées, notamment la création d’un mécanisme de partage des avantages liés à l’utilisation des informations de séquençage numérique (DSI) des ressources génétiques. Ce mécanisme permettra aux entreprises d’apporter un soutien financier à la protection de la biodiversité tout en garantissant la sécurité juridique. Une feuille de route pour des « crédits biodiversité » a également été proposée, visant à garantir l’intégrité des marchés de compensation écologique.
Cependant, les efforts pour atteindre les objectifs de l’accord de Kunming-Montréal, visant à protéger 30% des terres et des mers d’ici 2030, sont restés en deçà des attentes. Les chiffres alarmants sur la destruction de la biodiversité soulignent l’urgence d’agir. La déforestation, la surexploitation ou le changement climatique, se poursuivent : une espèce d’arbre sur trois est menacée d’extinction, selon l’actualisation de la liste rouge de l’UICN.
Malgré la promesse de 400 millions de dollars pour le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité, les discussions sur les objectifs de protection de la nature n’ont pas abouti, laissant les participants insatisfaits. Les négociations ont été suspendues sans accord sur un nouveau fonds demandé par les pays en développement. Ces derniers souhaitaient un fonds autonome, tandis que les pays développés s’y opposaient.
Voici les points clés à retenir :
- Reconnaissance des peuples autochtones : La COP16 a abouti à la création d’un groupe permanent pour représenter les peuples autochtones au sein de la Convention sur la diversité biologique, soulignant leur rôle crucial en tant que gardiens de la nature.
- Échec des négociations sur le financement : Les discussions sur la création d’un nouveau fonds pour la biodiversité, autonome et sous gouvernance de l’ONU, n’ont pas abouti. Les pays en développement souhaitaient ce fonds pour remplacer l’actuel, jugé inadapté, mais les pays développés s’y sont opposés.
- Création du « Fonds Cali » : Un nouveau fonds a été établi pour garantir un partage équitable des bénéfices issus des données génétiques de la nature, notamment pour les pays en développement. Ce fonds vise à compenser les entreprises qui tirent profit de ces ressources.
- Engagements financiers : Huit gouvernements ont promis des contributions totalisant 400 millions de dollars pour le Fonds-cadre mondial pour la biodiversité, bien que cela ne représente qu’un premier pas vers l’objectif de 200 milliards de dollars d’aide annuelle d’ici 2030.
- Progrès limités sur les objectifs de protection : Les discussions n’ont pas permis de renforcer les efforts pour atteindre les objectifs de protection des écosystèmes, avec des chiffres alarmants sur la perte de biodiversité et la nécessité de protéger davantage de terres et d’eaux.
- Feuille de route pour les « crédits biodiversité » : Un cadre éthique a été proposé pour garantir que les marchés de crédits biodiversité soient crédibles et bénéfiques pour la nature, afin d’éviter les dérives dans la compensation des pertes écologiques.
Par un communiqué de presse des ministères des territoires, écologie et logement, la France salue certaines avancées mais regrette de n’avoir pu obtenir de décision sur le suivi du cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. Les financements internationaux pour la biodiversité ont considérablement augmenté, passant de 10,4 à 15,4 milliards de dollars entre 2020 et 2022, avec un objectif d’atteindre 20 milliards de dollars par an d’ici 2025. La France a également lancé un cadre de financements innovants via des crédits biodiversité de haute intégrité
Dans les mois à venir, la France continuera de renforcer son engagement en faveur de la biodiversité, en suivant la Stratégie nationale biodiversité 2030 et en mobilisant de nouveaux financements pour les partenariats liés à la forêt, à la nature et au climat.